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SAISON 5 - SAN FRANCISCO
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CHAPITRE 1

– Un whisky, s’il vous plaît, dit une voix grave que je reconnaîtrais entre mille. Eh bien, regardez qui daigne enfin faire son apparition ! ajoute Royce lorsque je rejoins mon collègue en première classe.

Je souris à l’hôtesse qui a pris sa commande.

– Une bière, s’il vous plaît. Une Sierra Nevada, si vous en avez.

– On en a, oui. Je reviens tout de suite, répond la jolie jeune femme avant de s’éloigner.

– Ouais, ouais, je ne suis pas en avance, mais je suis là, je réponds en rangeant mon attaché-case au-dessus de nos têtes.

J’enlève ma veste et la suspends au cintre devant mon siège.

Je commençais à croire que tu allais me poser un lapin, étant donné que tu étais censé rentrer il y a deux jours… râle-t-il en souriant.

– Je n’ai pas pu faire autrement. Après que Sky et moi avons fait l’interview sur le plateau, la situation nous a échappé et les gens étaient déchaînés. Tracey a proposé qu’on se promène en ville, histoire de leur donner d’autres occasions de nous prendre en photo. Comme tu le sais, ça a permis de les éloigner des bureaux d’International Guy.

– C’est vrai, acquiesce Royce. Ça ne doit pas être facile de sortir avec une star. J’imagine que tout le monde se bat pour l’avoir, et t’avoir aussi… à défaut.

À défaut.

Ses paroles m’apparaissent comme un mauvais présage. Être avec une star comme Skyler est inimaginable pour un mec normal comme moi. C’est le genre de chose qu’on ne voit que dans les films, des films dont elle est la star. Mais moi, je serais qui ? Le héros qui séduit la nana ou le type qu’elle jette pour en trouver un autre qui convient mieux à son style de vie ?

Je m’efforce de mettre ces pensées de côté et je me concentre sur le moment présent.

– Ouais, eh bien, c’est moi qui ai gagné puisqu’elle est avec moi. Bref, je suis là, et on part en Californie. Qu’est-ce que je dois savoir de notre cliente ? Tu as dit qu’elle s’appelait Rochelle ?

Royce sourit et son regard devient rêveur. Merde, je m’en doutais. Il est déjà gaga de cette femme.

Ce n’est pas bon. Surtout parce qu’elle nous a embauchés pour lui trouver un mari.

– C’est une femme d’affaires accomplie, elle est belle et intelligente. Ses analyses financières sont sans égales, et je m’y connais. Elle a le don d’anticiper les fluctuations du marché et les résultats d’entreprises. C’est une des meilleures consultantes financières de tous les temps.

– À t’entendre, j’ai presque l’impression que tu lui confierais ton argent, je dis pour voir s’il mord à l’hameçon.

– J’ai un respect sans limites pour son talent. Sa façon de travailler est une véritable forme d’art.

– Ah bon ? Une forme d’art ? je dis en souriant.

– Ouais. Très peu de gens savent faire ce qu’elle fait, surtout à son âge.

– Quel âge a-t-elle ?

Il répond immédiatement, sans regarder son dossier.

– Vingt-huit ans.

– Tu as mémorisé son âge par hasard ?

– J’ai préparé notre mission, répond-il en fronçant des sourcils. Je ne peux en dire autant pour toi, je crois.

– J’ai lu son dossier durant mon vol pour New York, mais je n’ai pas forcément retenu son âge. Quand fêtera-t-elle ses vingt-neuf ans ?

– Le premier décembre… commence-t-il.

Il comprend tout de suite son erreur et tourne la tête pour regarder par le hublot, comme si la piste de l’aéroport était la chose la plus intéressante qu’il ait jamais vue.

– Mec…

– J’ai une bonne mémoire, c’est tout. Ne te fais pas de films.

Je secoue la tête et suis sur le point de me moquer de lui lorsque l’hôtesse revient avec nos verres.

– Et voilà, nous dit-elle. Attachez-vous, le pilote se prépare à décoller.

– Merci, je réponds en lui souriant.

Elle est plutôt jolie. Grande, mais un peu maigre, on ne peut pas dire qu’elle ait des courbes généreuses. Je lui donnerais un six ou un sept sur dix, ce qui veut dire qu’elle pourrait se trouver un homme avec un cinq sur dix, il serait aux petits soins avec elle.

Je laisse ma bière me rafraîchir tout en réfléchissant au meilleur moyen d’aborder Royce.

– Écoute, Roy…

– Parker, je t’aime bien, mais tu n’as strictement rien à me dire à ce sujet étant donné que tu couches avec une de nos clientes et que ce n’est pas la première. Honnêtement, tu ferais mieux de garder tes commentaires pour toi.

Il boit son whisky et regarde de nouveau à l’extérieur.

Je connais Royce et je sais qu’il vaut mieux ne pas insister quand il se sent pris au piège, il peut être sacrément agressif quand on le provoque. Cela dit, je ne serais pas un bon ami si je ne disais pas à voix haute ce que je soupçonne.

– C’est cool, mec. Je suis content d’être là avec toi. Tu veux bien me dire ce sur quoi vous vous êtes déjà mis d’accord ?

Royce hoche la tête, pose son verre et sort un dossier bleu de son attaché-case.

– Tiens, on a déjà esquissé son portrait. Elle est éduquée, riche, et c’est une citadine. Elle n’a pas une grande famille et sa vie tourne autour de son travail. Elle aimerait un enfant, un héritier à qui léguer son entreprise.

– Tiens, je connais un mec qui lui ressemble, je ricane.

Roy lève la tête vers moi et je retrouve son regard amusé. Dieu merci. Je préfère éviter les tensions. Mieux vaut ne pas être la cause de sa colère.

– Elle vit seule dans un penthouse, en centre-ville.

Ça, en revanche, c’est tout l’inverse de Royce. Mon collègue a une maison avec trois chambres, deux salles de bains et des jardinets à l’avant et à l’arrière qu’il tond tous les week-ends, sans faute. Il dit que c’est pour que les voisins le laissent tranquille, mais je crois qu’il aime que les choses soient carrées. Il est fier de ce qu’il a accompli alors que rien ne jouait en sa faveur.

– Un penthouse… waouh. Ce n’est pas la maison de famille dont tu as toujours rêvé, je remarque.

J’aimerais m’assurer que l’attirance de Royce pour cette femme n’est pas sérieuse, que c’est seulement physique.

– Où tu veux en venir, Park ? demande-t-il froidement.

– Nulle part, c’est juste une remarque.

Il saisit son verre et me pointe du doigt.

– Et toi, ta nana, elle habite où, déjà ? grogne-t-il.

Mince, moi qui essayais de ne pas l’énerver…

– Non seulement tu dois prendre un avion pour la voir mais elle habite dans un immense penthouse, si je me souviens bien.

– Ok, j’ai compris. Tu as gagné, je réponds en levant les mains en signe de capitulation. Tu as raison. Skyler et moi avons une relation longue distance, mais on n’habite pas à cinq mille kilomètres l’un de l’autre.

Royce s’apprête à répondre, mais je l’en empêche.

– Et… elle adore Boston. Avec son boulot, elle peut habiter n’importe où, alors que moi, je n’abandonnerais jamais ma famille et mon travail. Toi si ?

Je ne sais pourquoi, son silence pèse sur mes épaules. Nous voici à parler de nos avenirs respectifs et de femmes qui, en apparence, semblent parfaites. Or, nous avons encore d’importants obstacles à franchir. Toutefois, je suis aux anges avec Skyler. Même si nous nous voyons peu, les moments que nous passons ensemble sont faits de rire, de sexe ahurissant et de discussions à propos de notre avenir. Je peux lui raconter ma journée, lui parler de mes rêves et de mes espoirs, et je peux la présenter à ma mère et à mes amis. Jamais je ne pensais que Skyler s’intégrerait aussi bien dans ma vie.

Après mon histoire avec Kalya, je pensais ne plus jamais avoir envie d’une relation amoureuse, or Skyler a reconstruit ce désir, seule, un baiser à la fois. Un câlin à la fois. Une promesse à la fois.

Avec elle, les possibilités sont infinies, et j’ai hâte de les explorer. C’est aussi ce que je souhaite à Royce, il le mérite. Et en tant qu’ami, j’ai le sentiment de devoir garder un œil sur lui pour m’assurer qu’il ne se laisse pas aveugler par un béguin passager. Que, s’il prend une décision, elle soit fondée sur une connexion et une compatibilité bien réelles.

Royce recule dans son siège et regarde par le hublot en me répondant.

– Si c’est la bonne, tout est possible.

Le hall du siège de Rochelle Renner est épuré, avec des éclats de couleur. Le bureau d’accueil est blanc, avec des orchidées violettes à chaque extrémité.

Nous sommes accueillis par une petite femme noire terriblement maigre, vêtue d’une jupe crayon bleu marine, d’une chemise blanche et d’escarpins beiges.

– Bonjour, charmante dame, ronronne Royce de sa voix la plus charmante.

– Vous êtes ? répond-elle d’une voix ennuyée.

– Monsieur Ellis, et voici mon partenaire, Monsieur Sterling, je dis en lui tendant la main, de chez International Guy. Nous sommes venus voir Rochelle.

– Elle est en communication… commence-t-elle, puis soudain elle écarquille les yeux. Oh, mais c’est vous qui allez lui trouver un homme ! Dieu merci ! Alléluia ! s’exclame-t-elle en faisant le tour du bureau pour nous serrer la main. Je ne pensais pas qu’elle irait jusqu’au bout. Vous prévoyez de rester ici combien de temps ? Je pars en vacances demain, parce que selon Son Altesse, si je n’utilise pas mes jours de congé, je vais les perdre.

– Son Altesse ? chuchote Royce. Aïe.

Elle est particulièrement loquace. Si Wendy parlait ainsi de l’un d’entre nous, elle serait virée sur-le-champ.

– C’est parfait, juste parfait. Plus rien ne pourra m’arrêter à présent, s’exclame-t-elle.

– Excusez-moi, mais vous êtes qui ? demande Royce en s’asseyant dans un fauteuil.

– Oh, je ne suis personne, mais une fois que Rochelle sera prise, je deviendrai forcément quelqu’un. Une femme disponible, qui plus est, qui attirera forcément son attention à lui, glousse la jeune femme.

Au lieu de m’asseoir, je rejoins la secrétaire qui se met à ranger des documents sur son bureau.

– Vous êtes la réceptionniste ?

– Oui, Monsieur. Helen Humphrey.

– Et depuis combien de temps travaillez-vous pour Mademoiselle Renner ?

Je lui parle en souriant, mais cette femme ne m’inspire pas confiance. Elle semble tendue et elle parle d’un ton incohérent.

– Oh, ça fait une éternité.

Elle écarquille soudain les yeux, comme quelqu’un qui se rappelle qu’il a laissé une casserole sur le feu.

– Je vous offre un café ? Je suis sûre que vous avez beaucoup à discuter au sujet de Mademoiselle Renner et de sa vie sentimentale. Même si le mec parfait est sous son nez. Mais, bien sûr, elle ne le voit pas. Avec elle, c’est toujours boulot, boulot, boulot ! souffle-t-elle en secouant la tête.

– Vous pensez que votre patronne travaille trop, Mademoiselle Humphrey ?

– Mm… hmmm, c’est un vrai tyran, en plus. Roh, une semaine de vacances au soleil, ça va être génial !

Elle parle soudain à voix basse et volette derrière son bureau, puis vers le bar sur lequel scintille une machine à espresso. Elle la remplit d’eau, puis insère une capsule, sans s’arrêter de marmonner.

– Je reviendrai, et l’ogresse ne sera plus là. Pouf ! chuchote-t-elle en me faisant face.

L’ogresse ? Waouh. Cette femme n’aime vraiment pas sa patronne.

– Si vous avez besoin de quoi que ce soit, de quoi que ce soit, surtout, venez me trouver. D’accord ? Je m’occuperai de vous. Vous serez de véritables VIP, chantonne Helen en retournant à son bureau d’un pas léger. Oh, elle a raccroché. Venez !

Nous la suivons dans un long couloir et nous passons devant de nombreux bureaux où travaillent des gens en tailleur. Lorsque nous arrivons devant une grande porte blanche encadrée par deux vitres, elle frappe fermement et entre sans attendre qu’on l’y invite.

– Mademoiselle Renner, votre rendez-vous de onze heures, dit-elle en nous tenant la porte ouverte. Monsieur Sterling et Monsieur Ellis, pour International Guy.

Comme je suis le visage de l’entreprise, c’est moi qui entre d’abord. Toutefois, je n’ai pas le temps d’atteindre notre cliente que Royce est à mes côtés, la main tendue vers elle. Je regarde la rencontre se dérouler, parfaitement conscient de ce qui se passe.

Rochelle est superbe. Elle mesure presque un mètre quatre-vingts dans ses bottes à talons aiguille qui lui arrivent juste sous les genoux. Sa jupe en cuir noir est ultramoulante avec des coutures bleu roi assorties à son chemisier à manches courtes noué sur son cou avec un joli nœud.

– Mademoiselle Renner, je suis ravi de vous rencontrer en personne, ronronne Royce en dégainant cet immense sourire qui fait tomber toutes les femmes.

Notre cliente sourit également jusqu’aux oreilles et ne le quitte pas des yeux.

– De même, Monsieur Sterling. J’ai tout de suite reconnu votre voix, répond-elle en rougissant.

Mince.

Je me demande si c’est ce que Bo a ressenti quand j’ai vu Sophie pour la première fois. Peut-être devrait-on instaurer une nouvelle règle : pas de coucheries avec nos clientes. Toutefois, je l’ai à peine pensé que je regrette mon hypocrisie, je suis mal placé pour imposer ce genre d’interdiction, moi qui ai rencontré la femme de mes rêves grâce à mon travail.

Royce continue de lui serrer la main, sans montrer le moindre signe qu’il va la lâcher, me laissant le soin de me présenter moi-même.

– Je suis Parker Ellis. Nous sommes ravis d’être là pour vous aider dans votre… situation.

Rochelle Renner finit par lâcher la main de Royce pour serrer la mienne, brièvement, puis elle se rassoit et nous fait signe de nous installer. Elle s’accoude sur son bureau en verre, joint ses mains et y appuie le menton.

– Je suppose que « situation » est le mot juste, dit-elle en dégainant un sourire qui la rend plus belle encore. Disons simplement ceci, Monsieur Ellis : j’en ai assez d’être seule. J’en ai assez de sortir avec des losers qui, de prime abord, semblent toujours parfaits. Et, au risque de parler comme le personnage d’un roman à l’eau de rose, le tic-tac de mon horloge biologique se fait de plus en plus fort, comme une grosse caisse. Il y a peut-être même des bongos.

– Je comprends parfaitement, ricane Royce à voix basse en se cachant derrière sa main.

– En gros, poursuit-elle en souriant à mon collègue, je n’ai ni le temps ni l’envie de chercher une aiguille dans une botte de foin.

– Étant donné que je suis nouveau sur le dossier, j’aimerais que vous me disiez ce que vous pensez des trois derniers hommes avec qui vous êtes sortie, et ce qui n’allait pas chez eux.

Elle penche la tête sur le côté et regarde Royce, qu’elle reluque depuis la pointe de ses chaussures Hermès à celle de son bouc, en passant par son crâne chauve et le col de son costume Tom Ford. Je suis sûr qu’elle a aussi pris note de sa montre de luxe et de ses grandes mains manucurées. Les femmes comme elles n’arrivent pas là où elles sont sans savoir lire les gens, et Royce sait s’habiller pour impressionner.

Je la regarde le mater, j’ai l’impression qu’elle est aussi emballée par lui qu’il l’est par elle. Le fait qu’ils se sont à peine quittés des yeux depuis notre arrivée en dit long sur leur attirance mutuelle.

Elle finit par soupirer et se laisse aller dans son fauteuil.

– Eh bien, le dernier mec était Jamal. Il était bien bâti et il jouait en NBA1. Le problème, c’est qu’il ne couchait pas qu’avec moi, il se tapait toute la bande de cheerleaders.

Je secoue la tête en repensant à Kayla qui m’a trompé avec mon meilleur ami. Au moins avec Skyler, je n’ai pas à craindre ce genre de chose.

– Avant lui, il y a eu Trey. Sur le papier, il était parfait. On s’est rencontrés grâce à une connaissance mutuelle qui m’avait même donné son CV. Mais le type voulait juste m’arnaquer, ajoute-t-elle en fronçant les sourcils. J’ai découvert qu’il était fauché et presque à la rue. Au bout de deux semaines, il voulait emménager avec moi. Quand je lui ai demandé pourquoi il était si pressé d’habiter avec moi, il m’a répondu qu’il avait dépensé ses derniers dollars pour nos rencards et qu’il était fauché. Je comprends qu’on puisse traverser des moments difficles, mais quel genre de type dépense tout son fric pour une femme en s’attendant à ce qu’elle l’accueille comme un chien errant ? s’exclame-t-elle en secouant la tête.

– C’est déplorable, je réponds simplement alors que, dans ma tête, je maudis ce type de faire une mauvaise réputation à tous les hommes.

– C’est à cause de ce genre de mecs que les femmes se méfient autant des hommes, dit Royce.

Je souris et me retiens de taper dans la main de mon frangin, qui pense exactement comme moi.

– Et celui d’avant ? je demande.

Elle soupire longuement avant de répondre.

– Je crois que c’était le pire de tous. Je pensais l’aimer et qu’il m’aimait en retour. On a parlé mariage et enfants. Je pensais que c’était l’homme parfait.

– Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Il ne voulait pas vraiment d’enfants ?

– Si seulement c’était ça…

– Qu’est-ce qu’il a fait ? grogne Royce en se redressant, comme s’il était prêt à casser la gueule du mec.

– Oh, il était sincère à propos du mariage et des enfants… il avait déjà les deux. Une femme et deux enfants. Il menait une double vie. Ça faisait presque un an qu’on était ensemble quand je l’ai découvert. Il m’avait offert une bague de fiançailles, et tout.

– Quoi ! aboie Royce.

– Mince…

Je me retiens de dire ce que je pense vraiment de ce genre de pourriture. Elle n’a pas besoin que je m’apitoie sur son sort, elle a besoin que je l’aide à tourner la page et à trouver un autre homme.

Cependant, je sais parfaitement ce qu’elle ressent. Kayla m’a vraiment pris pour un idiot. Elle étudiait avec moi, elle dormait dans mon lit tous les soirs, on parlait des enfants qu’on aurait et des prénoms qu’on leur donnerait, tout ça pour que je la demande en mariage. Et je l’ai fait. Quel imbécile ! J’ai gobé tous ses mensonges alors qu’elle se tapait Greg et qu’elle prévoyait de rompre avec moi. Apparemment, il voulait qu’elle attende qu’on ait monté notre boîte avant de me dire qu’elle me quittait. Elle planifiait notre mariage et je mettais sur pied un avenir brillant avec la femme de mes rêves alors qu’elle n’avait jamais prévu de rester avec moi.

Je me force à oublier Kayla. Elle ne peut plus me faire de mal, et Skyler n’agirait jamais ainsi. Son âme et ses intentions sont pures. Je crois bien qu’elle pourrait être la femme de ma vie.

– Mm… hmmm, mais je me suis vengée, ne vous en faites pas. J’ai tout dit à sa femme et elle est en train de tout lui prendre dans un méchant divorce.

– Elle a bien raison, ricane Royce. Les hommes comme ça mériteraient d’être castrés, ajoute-t-il. Même si… je comprends pourquoi il a fait ce qu’il a fait.

Rochelle et moi le regardons d’un air perplexe.

– Je vous demande pardon ? demande Rochelle.

– Quoi ? je m’exclame.

– J’ai dit que je comprenais pourquoi il a pris le risque de mener une double vie, explique-t-il d’une voix claire et confiante.

Rochelle est sur le point de répondre, mais Royce n’a pas fini.

– À mon avis, il lui a suffi de vous regarder et de voir tout ce que vous aviez à offrir pour lui faire regretter la vie qu’il avait. Toutefois, au lieu de faire ce qu’il fallait auprès de sa femme, de rompre avec elle ou de ne jamais envisager quoi que ce soit avec vous, il a pris l’option la plus simple, et il n’a rien fait. À mon avis, il a dû passer son temps à regarder par-dessus son épaule, il n’a pas dû profiter d’être avec une beauté comme vous.

Rochelle plonge son regard dans celui de Royce et le dévisage.

– Non, j’imagine que non. Et vous, qu’auriez-vous fait dans de telles circonstances ?

– Eh bien, sans vouloir vous offenser, Rochelle, vous êtes une femme superbe, et n’importe quel homme, moi le premier, aurait de la chance de vous avoir. Mais j’ai le plus grand respect pour le mariage, et je n’aurais jamais envisagé de vous séduire. Si j’avais la chance d’avoir une femme et des enfants, ce serait tout pour moi. Rien ne pourrait rompre ce lien sacré.

La tension devient palpable alors que Royce et Rochelle s’étudient. J’ai déjà vu des lutteurs professionnels se regarder moins longtemps que ces deux-là.

– Bonne réponse.

– Elle est sincère. Je suis comme ça, répond-il simplement.

– Dans ce cas, je crois que j’aime qui vous êtes, dit-elle d’une voix suave et séduisante.

– Eh bien, c’est réciproque, Chellie, ricane-t-il en se léchant les lèvres.

Chellie ? Il lui a donné un surnom ? Ça fait cinq minutes qu’il la connaît ! Bon sang, cette mission est un désastre.

Je me racle la gorge plusieurs fois avant que notre cliente ne me regarde.

– Maintenant que nous avons compris ce que vous ne voulez pas, tâchons de définir ce que vous cherchez et comment International Guy peut vous aider.

Elle soupire, comme si tout cela était épuisant et lassant, alors que c’est elle qui a fait appel à nous.

– Pour commencer, j’ai besoin d’un homme bien dans sa peau. Qui ne ment pas. J’ai eu assez de menteurs.

– Très bien. Avez-vous des préférences ethniques ?

Elle se mord la lèvre inférieure et regarde Royce. C’est un bel homme noir d’un mètre quatre-vingt-quatorze, qui aurait largement sa place en couverture d’un magazine.

– J’ai toujours préféré les hommes noirs, mais je ne vais pas faire la difficile et me mettre des bâtons dans les roues en disant non à des Blancs, des hispaniques et ainsi de suite.

– C’est noté. Et son travail ? Sa carrière ?

Je suis obligé de la relancer, car toute son attention est sur Royce. Bon sang, peut-être que je devrais juste les laisser tenter leur chance et dire à Rochelle de m’appeler quand ça tombera à l’eau, ce qui va certainement arriver. Si cette femme cherche à se caser pour de bon, comme le désire Royce, alors elle se trompe de candidat. Royce ne quittera jamais Boston, sa mère et ses sœurs. Il est le seul homme de la famille Sterling et il s’occupe d’elles comme si c’était sa mission. Il ne néglige pas IG, mais sa priorité a toujours été sa famille. La différence entre nous et les autres entreprises, c’est que c’est nous qui créons nos règles afin qu’elles améliorent le quotidien de nos employés, et non l’inverse. Si, un jour, il veut construire une famille et travailler de chez lui deux jours par semaine, ce sera possible. S’il veut voyager moins, ça le sera aussi. Cependant, il a beau rêver de fonder sa propre famille, ça ne veut pas dire qu’il voudra déménager à cinq mille kilomètres pour une femme. Et à voir les bureaux et le succès de celle-ci, elle n’est pas prête à bouger à l’autre bout du pays non plus. Et ce n’est pas la seule chose qui coince.

– Je préférerais qu’il soit cadre, parce que je dois souvent me rendre à des dîners d’affaires et j’ai besoin d’un homme qui soit à l’aise dans ce genre d’événement. Qu’il puisse avoir des conversations sérieuses, et pas seulement parler de base-ball.

Je me retiens d’éclater de rire. Je suis parfaitement capable de parler de base-ball toute une soirée, et Royce aussi. C’est une des passions que nous avons en commun. Toutefois, ça ne nous empêche pas d’être bons en affaires. J’ai comme l’impression que Rochelle a des idées préconçues sur les hommes.

– Mademoiselle Renner, ce serait très utile que vous puissiez me dire les points sur lesquels vous n’êtes pas prête à faire de compromis afin qu’on cherche l’homme parfait pour vous. Si tant est qu’il existe. L’amour n’est pas une science.

Je parle en connaissance de cause, l’amour est la chose la plus compliquée que je connaisse.

Rochelle éclate de rire.

– Oh, Monsieur Ellis, vous avez mal compris ma demande. Je veux que vous me trouviez le partenaire parfait. Personne n’a parlé d’amour, même si, bien sûr, ce serait un bonus énorme. Embaucher quelqu’un pour trouver l’amour de ma vie serait aberrant, non ?

– Vous seriez surprise de ce que nos clients nous demandent, je réponds en souriant.

Je suis ravi que les attentes de Rochelle soient réalistes. Il m’a fallu plusieurs années pour accepter la possibilité d’être de nouveau amoureux, et encore autant de temps à trouver l’amour. Je ne sais pas si j’en serais là si je n’avais pas rencontré Skyler.

– Si vous le dites, répond-elle en reculant dans son fauteuil.

Elle croise les jambes et sa jupe remonte sur ses cuisses. Je regarde Royce du coin de l’œil et ne suis pas surpris de le voir se retenir de baver.

– Si vous ne cherchez pas l’amour, alors donnez-nous vos critères. Que cherchez-vous chez un partenaire ?

– Vous voulez que je vous dresse une liste ? Comme pour les courses ?

– Nous avons besoin de savoir ce sur quoi vous refusez de faire des compromis. Ne prétendez pas que vous n’y avez pas déjà pensé. Vous êtes une femme intelligente, vous ne nous avez pas appelés pour rien. Que voulez-vous, Mademoiselle Renner ?

– Tout d’abord, il doit être noir, et beau.

– C’est noté. Ensuite ?

– Il doit avoir un travail, même s’il ne lui rapporte pas beaucoup. Je gagne largement assez pour deux. Je ne veux pas qu’il ait de mauvaises habitudes, comme s’attendre à ce que je lui fasse à manger et que je rentre à la maison à dix-huit heures.

– Il doit travailler et être indépendant. Quoi d’autre ?

– Je veux qu’il puisse m’accompagner à des soirées d’affaires. Il doit pouvoir participer aux conversations ou se taire, selon ce que je lui demande.

Cette fois, je ne peux me retenir de sourire, car Royce n’est absolument pas du genre à accepter de rester silencieux alors que sa femme séduit des partenaires potentiels.

– Il doit être éloquent, mais ne pas être intimidé par le succès d’une femme. C’est noté. Ensuite ?

– Il ne doit pas avoir une mère envahissante. Beurk. Je ne supporte pas les fils à maman.

Je regarde Royce du coin de l’œil et le vois tirer sur le col de sa chemise. Le pauvre, il est le plus grand fils à maman que je connaisse.

Peut-être cette cliente ne sera-t-elle pas un problème, en fin de compte.



CHAPITRE 2

Lorsque je m’installe au bar, il n’y a qu’une poignée de clients dans la salle. J’ai choisi une place devant l’écran plat pour que personne ne m’empêche de voir le match des Giants1 contre les Brewers2. Ces derniers temps, j’ai l’impression de ne voir les matchs qu’en replay, mon disque dur est rempli au max. Je rêve d’un bon week-end à ne rien faire que rattraper tous les matchs que j’ai ratés. J’imagine automatiquement une belle blonde blottie contre moi. Je suis sûr que Skyler apprécierait de passer la journée sur le canapé, à manger des hot dogs, des frites, des nachos au fromage et… à faire l’amour.

– Eh, mec, tu sais quel était le score final des Red Sox3 ? je demande au barman lorsqu’il vient vers moi.

– Roh, c’était génial, mec. Ils ont gagné huit à cinq contre les Orioles4, répond-il en s’essuyant les mains sur un torchon.

Je lève la main pour taper dans la sienne, c’est un code de mecs. À entendre son enthousiasme, c’est un fan des Red Sox.

– Trop cool ! Je vais prendre une pinte d’Almanac IPA, s’il te plaît. Faut que je goûte la bière locale tant que j’en ai l’occasion.

– Je prendrai la même chose, dit Royce en s’installant sur le tabouret à côté du mien.

Il préfère le whisky mais, en dehors des repas, il lui arrive parfois de commander une bière.

– Deux Almanacs, alors. Ça arrive tout de suite. Vous voulez voir le menu ?

– Avec plaisir, oui. Merci, répond Royce.

Lorsque le barman s’éloigne, Royce se tourne vers moi en s’accoudant au bar, comme Bo à Milan quand je lui confiais mes problèmes avec Skyler.

– Quoi ? je demande en fronçant les sourcils.

– Est-ce que Rochelle n’est pas géniale ?

– Mec, t’es sérieux ? je réponds en écarquillant les yeux. C’était quoi, ce surnom ?

– De quoi tu parles ?

– Chellie ? À quel moment tu as décidé qu’elle s’appelait Chellie et pas Rochelle, ou même Mademoiselle Renner, car je te rappelle que c’est une cliente ! je rétorque sans cacher ma colère.

– C’est toi qui dis ça ? Le mec qui s’est tapé non pas une mais deux de nos clientes ces derniers mois ?

Je grimace et me force à compter jusqu’à dix avant de dire ce que j’ai sur le cœur, en espérant qu’il ne le prenne pas trop mal. Cela dit, il n’a pas tort de me traiter d’hypocrite. Toutefois, la situation n’a rien à voir puisque ça finirait forcément mal entre Rochelle et lui.

– Mec, je sais que je suis mal placé pour en parler, mais cette femme n’est vraiment pas faite pour toi.

– Non pas que ça te regarde, mais je suis curieux de savoir pourquoi tu penses ça. Après tout, ça fait trois semaines que je lui parle et je la connais assez bien. Tu crois que parce que j’ai grandi dans un taudis avec un père alcoolique et que j’ai commencé à bosser à quinze ans pour aider ma mère à payer les factures, je ne suis pas assez bien pour une femme comme Rochelle ? Tu crois que je n’ai pas ma place dans la cour des grands, c’est ça ?

Royce n’aurait pas pu me faire plus mal s’il m’avait frappé avec un burin.

– Quoi ? Mais non ! Bon sang, Roy. Tu peux être fier de ton parcours, tu t’es occupé de tes sœurs et de ta mère alors que tu n’étais qu’un ado, tu l’as aidée financièrement tout en étant premier de la classe… Mec, tu n’imagines pas le respect que j’ai pour toi !

Royce grince des dents et regarde droit devant lui. Je suis dégoûté qu’il refuse de me regarder dans les yeux.

– Je sais ce que tu as vécu durant ton enfance. Tu as fini aux urgences à cause de ton père, et ta mère bossait comme une malade pour vous nourrir et pour que vous ne manquiez de rien Franchement, respect, mec. Cela dit, ton parcours est en partie la raison pour laquelle je sais que Rochelle n’est pas comme toi. Elle n’a aucune envie de s’installer pour construire une relation à long terme.

– Et alors ? C’est quoi le rapport ? Elle a dit qu’elle voulait un gamin, en plus.

– Ouais, mais pour qu’il hérite de sa fortune, c’est tout. Je ne la vois pas prendre un congé parental ou travailler moins pour s’occuper de son enfant. C’est des nounous qui s’en chargeront, c’est certain. Ce n’est pas grave, mais ça ne te ressemble pas. Dans ta famille, vous êtes proches et loyaux et vous aimez vous mêler de la vie des autres, comme chez moi. Tu vas me dire que tu ne cherches pas ce genre de femme ?

– Je ne sais pas ce que je veux, répond-il en haussant les épaules. Tout ce que je sais, c’est qu’il y a quelque chose entre nous. Je le sens.

– C’est du désir, Roy, crois-moi. Elle te plaît physiquement, et c’est normal. N’importe quel homme se battrait pour être avec une femme comme elle.

– C’est clair que c’est une bombe, acquiesce-t-il en se frottant le menton.

– Oui. Mais elle cherche un homme pour lui tenir compagnie la nuit, pour lui servir de trophée et rester à son bras pendant ses cocktails d’affaires. Elle ne cherche pas un homme dominant comme toi, elle veut un homme soumis, quelqu’un qui la vénérera et la chouchoutera.

– Comment tu peux en être sûr ? Tu crois que maintenant que tu es dans une relation sérieuse, pour la première fois depuis des lustres, tu es devenue spécialiste en amour ? ricane-t-il. J’ai plus discuté avec elle que toi et je n’ai pas eu la même impression.

Il saisit la pinte que pose le barman devant nous et j’essaie d’ignorer son attaque. Il faut qu’il ouvre les yeux.

– Tu n’as pas su lire entre les lignes. Une partie de mon travail est de comprendre ce que le client veut vraiment, même s’il ne le sait pas lui-même, et j’ai de bons résultats, je te rappelle.

Il hausse les sourcils sans me regarder.

– Roy, je te dis qu’elle veut un homme soumis. Crois-moi. Si tu tentes quoi que ce soit avec elle, non seulement on perdra une cliente, ce qui ne me dérange pas tant que ça, mais tu risques d’avoir le cœur brisé, et ça, ça ne me plaît pas.

Le barman nous interrompt en nous donnant les menus.

– Est-ce que tu as un sandwich au porc effilé ? je demande.

– Bien sûr.

– Alors, je vais prendre ça, avec des frites, s’il te plaît, je réponds en lui rendant le menu.

– La même chose, ajoute Royce.

Lorsque le barman s’en va, je regarde la télé un moment pour laisser le temps à Royce de digérer ce que je viens de dire.

Les Giants marquent un point avec un coureur en seconde base.

Royce boit une gorgée, puis il frotte son crâne chauve.

– Je ne sais pas comment ignorer notre attirance, Park. Et je ne suis pas certain de le vouloir, admet-il.

– Je te comprends, frangin. Mais je pense quand même que c’est dans ton intérêt de lutter.

Il hoche brièvement la tête, et nous regardons le match en silence. Ce n’est pas aussi confortable que d’habitude, mais j’ai parlé dans l’intérêt de Royce et j’assume ce que j’ai dit.

De retour à l’hôtel, mon téléphone sonne, je vois « Ma pêche » s’afficher à l’écran.

Je m’allonge sur le lit en boxer.

– Coucou, ma belle, tu finis tôt ce soir.

– Pas vraiment, il est minuit ici. Mais c’était une bonne journée. Grâce à ton aide, on a pu filmer toutes les scènes d’amour. La réalisatrice a préféré ne pas attendre.

Je grince des dents et ravale ma jalousie, parce que c’est moi qui ai donné des astuces à son partenaire pour que lui et Skyler soient plus sexy à l’écran. Cependant, je préfère changer de sujet que de lui demander des détails.

– C’est super. Qu’est-ce que vous filmez ensuite ?

– Mes scènes d’action. J’ai hâte ! J’ai pris des cours de krav-maga pour être plus crédible lors des combats.

– Waouh, c’est un entraînement super-physique, je dis en l’imaginant couverte de sueur, en train de frapper un sac.

– Ben, tu n’es pas là, il faut bien que je trouve un moyen de me dépenser, répond Skyler d’une voix suave et sexy.

Je ne suis pas le seul à être en manque, apparemment. Il est temps de passer à la vitesse supérieure. J’ai besoin de la voir. J’appuie sur le bouton pour lancer la vidéo, et elle accepte aussitôt.

– Ma pêche, tu es magnifique, je dis en découvrant son regard brûlant et son sourire séducteur.

– Est-ce que je t’ai dit que je te kiffais, aujourd’hui ?

– Non, mais moi, je peux te dire que je te kiffe, je réponds en jouant des sourcils.

– Moi aussi, chéri.

Je la vois entrer dans sa cuisine et ouvrir le frigo. Dommage, moi qui espérais une petite vidéo coquine…

– Qu’est-ce que tu fais ? je demande.

– Je n’ai pas encore dîné.

– Je croyais que tu avais l’habitude de dîner avec Rick.

– Mouais, mais j’ai passé la journée à l’embrasser et à le tripoter, répond-elle en grimaçant.

Achevez-moi tout de suite !

Peu importe que Rick soit comme un frère pour Sky, je n’aime pas qu’un autre homme touche ce qui m’appartient. Or, Skyler est à moi, je vais m’accrocher à elle aussi fort que possible et ne jamais la lâcher.

– La dernière chose dont j’ai envie, c’est de dîner avec lui, poursuit Skyler. Il est cool, et ce que tu lui as appris nous a aidés, c’est clair, surtout le chewing-gum. Merci, au fait. Il n’a plus une haleine d’oignon, au moins.

Je la regarde se faire un sandwich au beurre de cacahuète et à la confiture, une des choses qu’elle préfère. Bon sang, maintenant qu’elle fait partie de ma vie, je ne sais pas ce que je ferais sans ces moments où elle me raconte sa journée.

– Qu’est-ce que tu as fait ce soir ? demande-t-elle.

J’adore être avec quelqu’un qui s’intéresse à moi, à ce que j’ai fait et à ce que je ressens. C’est agréable. Je n’ai jamais connu ça.

– On était au pub avec Royce. On a regardé le match.

– Ah bon ? Qui jouait ?

– Les Giants contre les Brewers. Les Giants ont gagné.

– Oh, ça me fait penser que j’ai appris que les Red Sox avaient gagné ? Un des caméramans en parlait. Tu dois être content.

Elle pense à moi, même quand elle bosse, comme je pense à elle. Je réalise que j’ai toujours quelque chose à lui raconter, parce qu’elle trouvera ça intéressant ou drôle. Et puis, l’idée que j’ai quelqu’un à qui me plaindre si j’ai passé une mauvaise journée ou si un des mecs m’agace est super-agréable. C’est presque aussi bien que de la retrouver en personne tous les soirs pour dormir avec elle.

– Tu aimes le base-ball, ma pêche ?

Elle hausse les épaules et pose son téléphone sur le plan de travail. Je la vois ouvrir le beurre de cacahuète et en mettre une couche épaisse sur son pain. Je suis content qu’elle mange davantage, ces derniers temps. Elle était bien trop maigre.

– Je ne peux pas dire que je n’aime pas ça, ou le sport en général. Mon père aimait regarder le base-ball, donc c’est ce que je connais le mieux. Mais je n’ai jamais vu de match au stade, tu pourrais peut-être m’y amener ?

– Avec plaisir, ma belle. Je vais dire à Wendy de regarder le planning des matchs des Red Sox et de nous prendre des billets.

– C’est vrai ? demande-t-elle d’un ton joyeux.

– Si tu peux te libérer pour une ou deux nuits, ouais, carrément.

– Ça doit être possible. La réalisatrice dit qu’elle te doit une faveur. Je dirai que c’est toi qui le demandes.

– Bonne idée.

Elle finit de préparer son sandwich et je repense à notre rendez-vous avec Rochelle. Je n’arrive pas à me sortir de la tête que ça va mal finir.

– Chéri… je vois que quelque chose te dérange. Tu veux en parler ?

Je lui raconte notre journée et le souci que je me fais pour Royce.

– Park, tu as fait précisément ce que tu lui interdis de faire ! ricane-t-elle.

– Ouais, je sais, je soupire. Mais je n’arrive pas à me débarrasser de cette impression que ça finira mal si l’un ou l’autre tente quoi que ce soit.

Skyler mord dans son sandwich et le mâche d’un air pensif.

– Royce est un grand garçon. Il peut faire ses propres erreurs, si c’en est bien une. Tu dois le laisser prendre ses décisions, et si ça tourne au vinaigre, tu dois être là pour lui, en tant qu’ami et collègue.

Skyler m’impressionne, sa logique et sa compassion sont vraiment naturelles chez elle.

– Tu es si pleine de sagesse. Ça doit être pour ça que je m’attache autant à toi.

Je réalise soudain ce que je viens d’avouer et je regarde Skyler se lécher les lèvres et poser son sandwich pour reprendre son téléphone.

– Chéri, pourquoi tu t’amuses à dire des choses aussi mignonnes alors que je ne suis pas là pour te montrer combien ça me fait plaisir ?

J’éclate de rire, soulagé qu’elle n’insiste pas sur ce que j’ai dit. Je ne veux pas en faire tout un plat, mais je suis curieux de savoir ce qu’elle aurait dit si j’avais été avec elle.

– Ah, et quelle aurait été ta réponse ?

Son visage s’illumine et mon soulagement se transforme en excitation à l’idée que cette femme a prévu de rester dans ma vie.

– Je t’aurais dit que je tiens beaucoup à toi, moi aussi, répond-elle en haussant un sourcil.

– Ah ouais ?

Je souris jusqu’aux oreilles. C’est une grande étape pour nous. Je ne pensais jamais me retrouver dans une telle situation après le mal que m’a fait Kayla, à la fac. Si Skyler et moi avons très vite couché ensemble, nous prenons notre temps pour apprendre à nous connaître, et je suis heureux d’admettre qu’elle compte plus pour moi que toutes les femmes de mon passé.

– Ouais, murmure-t-elle d’une voix douce.

Bon sang, si seulement je pouvais être à ses côtés pour l’embrasser et lui faire l’amour.

– Et qu’est-ce que tu aurais fait, ensuite ?

– Après ? Eh bien… je t’aurais sauté dessus.

Je me mords la lèvre pour me retenir de sourire.

– Admettons que ce soit le cas, comment tu t’y prendrais, au juste ?

Skyler se tapote sa lèvre, comme si elle réfléchissait.

– Je commencerais par m’asseoir à cheval sur toi.

– Hmmm, c’est un bon début. Et…

– Je me rapprocherais de ton visage et je mettrais mes mains sur tes épaules.

Mon sexe tressaute en visualisant la scène, en la voyant nue sur mes genoux, en train de se frotter contre mon érection grandissante. Je caresserais son dos et ses bras, et cela suffirait à faire durcir ses tétons et à la faire se cambrer pour offrir son sein à ma bouche.

– Je serais habillé ? je demande en descendant ma main vers mon sexe.

– Ça dépend. Je te prendrais comme tu es.

– Tu me prendrais… ? Vraiment ? Mais c’est de mieux en mieux, je ricane.

Elle lève les yeux au ciel, et ma verge devient énorme.

– Et ensuite ? Bébé, ne me laisse pas dans cet état, je grogne en empoignant mon érection.

– Non, tu vas te moquer de moi, répond-elle en fronçant son nez.

– Mais non, ma pêche. Je ne me moquerai pas de toi. Dis-moi, j’insiste d’une voix lourde de désir.

Skyler se lèche les lèvres et pose son téléphone pour que je voie son corps. Elle est vêtue d’un caraco, et je devine que ses tétons pointent sous le tissu fin.

Soudain, elle le saisit par le bas et l’enlève, de sorte qu’elle est complètement nue devant moi.

– Putain !

Je serre mon sexe encore plus fort tandis que Skyler promène ses mains sur son ventre puis sur ses seins parfaits. Je pourrais regarder des centaines de photos de Playboy, je ne trouverais pas de seins plus beaux et plus adaptés à la taille de mes mains, mais ce sont les siennes qui les empoignent.

Son sourire diabolique me dit qu’elle a tout à fait conscience de ce qu’elle me fait, et je me branle en poussant un grognement.

– Tu as commencé à te branler ? se moque-t-elle.

– Tu sais bien que oui, je grogne d’une voix rauque.

– Allez, montre. T’as vu mes seins, toi.

– Ah, tu veux jouer à ça ?

Elle hoche la tête tandis que je me débarrasse de mon boxer. J’empoigne de nouveau mon sexe tout en tournant la caméra pour qu’elle me voie au garde-à-vous pour elle.

– Bon sang, chéri, tu as l’air tellement dur…

Je retourne l’écran pour pouvoir la voir de nouveau. Elle a ses deux mains sur ses seins et elle titille ses tétons.

– Pince-les fort, bébé. Assez fort pour que ça te fasse un peu mal, comme je le ferais si j’étais là. Essaie de te faire jouir rien qu’en jouant avec tes seins, imagine que c’est moi qui m’amuse avec ma bouche.

Elle gémit et ferme les yeux en m’obéissant.

– Tu te masturbes ?

– Putain, oui, je murmure. Bon sang, je te vois te toucher et… j’aimerais être là. Je sucerais tes tétons tellement fort, bébé. Jusqu’à ce que ça te brûle et que tu me cries d’y aller plus fort.

Elle penche la tête en arrière et ses cheveux tombent dans son dos. Mon Dieu, j’adore la voir comme ça, quand elle succombe à sa passion.

– C’est ça, joue avec tes tétons. T’aimes que je te regarde faire en me branlant, hein ?

Je soulève mon bassin et j’imagine que je plonge dans son sexe chaud… ou non, plutôt entre ses superbes seins.

– Tu sais ce que je ferais si j’étais avec toi ?

– Dis-moi, chuchote-t-elle en secouant la tête.

– Je t’allongerais par terre…

– Ouais…

Elle parle d’une voix rauque et suave qui embrase mon sang tout en me donnant la chair de poule. Mes testicules sont lourds et se contractent, prêts à exploser, alors qu’une fine couche de sueur recouvre mon front, mon torse et mes abdos. Je fais un effort surhumain pour repousser mon orgasme.

– Je me mettrais à cheval sur ton ventre, je coincerais mon sexe entre tes seins parfaits…

– Mon Dieu, Parker… susurre-t-elle en se léchant les lèvres.

– Je les presserais sur ma verge et je les baiserais en mettant mon gland juste sous ta bouche pour que tu puisses le lécher, je poursuis en frissonnant de la tête aux pieds. Putain, tu me fais tellement bander…

– Parker… gémit Skyler, et son souffle accélère.

Je la regarde jouir, et l’idée qu’il lui a suffi d’entendre ma voix me fait décoller à mon tour. J’empoigne mes testicules et me branle une, deux, trois fois jusqu’à ce que je voie des étoiles.

– Sky… bébé ! je m’écrie en éjaculant sur mes abdos et dans ma main.

Nous prenons une minute pour revenir sur terre et calmer nos respirations. Lorsque j’ouvre les yeux, Skyler est accoudée sur le plan de travail, tête baissée, et ses cheveux tombent de part et d’autre de son visage.

– Waouh. Fais-moi penser à t’appeler plus souvent en FaceTime, ricane-t-elle.

Ses joues sont roses et elle est rayonnante.

– Aucun problème, je ris en m’étirant.

– J’aimerais que tu sois là, admet-elle alors que je suis sur le point de faire la même chose. Tu penses rester combien de temps à San Francisco ? demande-t-elle en se baissant pour ramasser son caraco.

– Je ne sais pas. Ça dépend du temps qu’il nous faut pour trouver un partenaire à notre cliente.

– En supposant que ce ne soit pas Royce, dit-elle en souriant et en enfilant son débardeur.

– C’est pas drôle, ma pêche, je râle en boudant.

– Moi je trouve que si, joli cœur !

– Bon… j’adorerais te parler toute la nuit… mais il faut que je prenne une douche, je dis en désignant mon ventre.

Son regard s’embrase.

– Si j’étais là, je m’en occuperais, répond-elle. D’ailleurs, si j’avais été là, il n’y aurait rien à nettoyer. Tiens, tu n’as qu’à penser à ça, et on verra combien de temps tu mets à rentrer, dit-elle en me lançant un clin d’œil avant de mordre dans son sandwich.

– Vilaine fille !

– Et tu aimes ça. D’ailleurs, tu as dit que tu t’attachais à ta vilaine fille, non ? répond-elle avec un sourire narquois.

– C’est vrai. Allez, repose-toi, d’accord ?

– Ça roule, chéri. Toi aussi. On s’appelle demain ?

– Ouais.

– Rêve de moi.

Elle me souffle un baiser, puis elle raccroche.

Je secoue la tête et me lève pour aller à la salle de bains.

Que je rêve d’elle…

Avec un corps comme le sien, un tel visage et sa façon de jouir… je peux dire avec certitude que Skyler est la femme de mes rêves. L’unique.

 

À SUIVRE…



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